Le 6 mai 2020
Ma réflexion est partie de la principale crainte pour la sortie du confinement qui est une trop grande affluence dans beaucoup de transports en commun aux heures de pointe ne permettant pas la distanciation recommandée pour lutter contre la Covid-19.
Mais ce qui suit présenterait de nombreux intérêts à être mis en place même en dehors de la période d’épidémie que nous connaissons.
Les entreprises et administrations devraient (en fonction de leurs possibilités compte tenu de la nature de leur activité) adopter des heures de début du travail échelonnées, par exemple de 6h à 12h. Bien sûr certains, habitués à un 8h30-16h30, se plaindront de devoir se lever 2h30 plus tôt. Mais celui qui commencera sa journée de travail à 6h… la terminera à 14 !
Une de mes citations préférées est de Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait ». Ne soyons pas prisonniers d’habitudes qui nous empêcheraient d’envisager un autrement.
Sur une journée de 7h de travail (pour 35h par semaine sur 5 jours), en comptant 1h de pause repas, on pourrait avoir les horaires de début et fin de journée suivants :
6h-14h, 6h30-14h30, … , 11h30-19h30, 12h-20h.
Si la journée est de plus de 7h de travail on adapte évidemment l’heure de fin à l’heure de début.
La pause repas de 1h serait placée en fonction de l’heure d’embauche entre 10h30 et 14h30, permettant ainsi aussi d’étaler les services de restauration (en entreprise ou à l'extérieur) qui y gagneraient souvent en étant moins tendus. Ou bien on caserait 15min de pause et 45min de pause repas. Bien sûr ceux qui par exemple embaucheraient à 11h30 ou 12h pourraient avoir déjeuné avant et se contenter de 2 pauses de 15min donc termineraient une demi-heure plus tôt.
A l’intérieur d’une même très grosse entreprise ou administration les horaires pourraient ainsi varier suivant les secteurs (accueil, production, réparation, bureau d’étude, commerciaux, téléconseillers, comptables, secrétaires…) ou à l’intérieur d’un même secteur lorsque chacun peut travailler indépendamment de ses collègues.
Une petite entreprise pourrait, si cela présente un intérêt pour elle, choisir un même horaire pour tous ses salariés mais autre que les plus répandus.
Une coordination par zone géographique d’emploi serait peut-être nécessaire pour éviter que le même choix soit effectué partout. Avec peut-être un système de roulement (par exemple annuel au 1er octobre) pour essayer de satisfaire au mieux les desiderata dans l’entreprise ou interentreprises.
Dans beaucoup d’entreprises ou secteurs qui pratiquent le 3 x 8, donc qui tournent 24h sur 24 (par exemple santé, sécurité, production), les horaires sont déjà le plus souvent décalés par rapport aux classiques actuels. Les équipes du matin embauchent en général vers 5 ou 6h, celles de l’après-midi vers 13 ou 14h et celles de nuit vers 21 ou 22h.
> Il ne s’agirait pas de le faire partout mais dans les secteurs qui connaissent une concentration importante d’emplois et des transports en commun surchargés ou des embouteillages très importants aux heures de pointe. Dans les grandes agglomérations avec beaucoup d’emplois cela pourrait concerner une large zone, par exemple Paris et au moins sa proche banlieue. Dans le Var cela pourrait concerner les entreprises et administrations de l’aire rapprochée de Toulon : Toulon, La Seyne, La Valette et La Garde.
Des besoins en conséquence.
- Un tel étalement des embauches nécessiterait la mise en place d’un accueil des enfants, surtout les plus petits, commençant plus tôt et finissant plus tard qu’actuellement. Cela un peu au-delà de la zone qui pratiquerait ces horaires pour répondre aux besoins des personnes qui y travaillent et viennent de plus loin. Il y a déjà des municipalités qui ont le souci d’un tel accueil (réduit en personnel en début et fin de journée) pour les parents qui débutent tôt ou rentrent tard. Certaines crèches fonctionnent même 24h sur 24 et parfois présentent une structure adaptée pour accueillir aussi des enfants au-delà de 3ans. Il faut autant que possible mettre en place les conditions qui favorisent l’activité professionnelle. Aujourd’hui des mères célibataires renoncent à des offres d’emploi car elles n’ont pas de solution pour garder leur(s) enfant(s).
- Un tel étalement des embauches nécessiterait aussi une adaptation des horaires des lignes de transports qui souvent aujourd’hui sont concentrés sur 7h30-9h et 16h30-18h. Pendant la crise sanitaire, il faudrait garder la fréquence des bus et trains de ces horaires-là mais sur 5h-12h et sur 14h-21h. Après la sortie de l’épidémie qui impose des distances, une diminution des fréquences serait envisageable.
Coût et intérêts.
- Plus de garde d’enfants et une augmentation de l’offre de transports en commun cela a inévitablement un coût très important mais en grande partie positif car en création d’emplois donc avec les conséquences habituelles : diminution du coût du chômage, amélioration du pouvoir d’achat des personnes concernées, augmentation de la consommation et des retombées fiscales, sans parler de l’aspect humain.
- De plus, même en dehors d’une période de crise telle que celle que nous traversons, un réel étalement des heures d’embauche réduirait considérablement la surcharge des transports en commun. Plusieurs millions de nos concitoyens y gagneraient, qui sont actuellement bien mal traités, subissant au quotidien des transports en commun bondés.
- Cela bénéficierait également à tous ceux qui vont travailler en voiture, à moto, à vélo... et aux riverains. Il y aurait beaucoup moins d’embouteillages, donc beaucoup moins de pollution de l’air et des temps de trajets réduits donc une amélioration de la qualité de vie. Et ils ne seraient pas forcément plus nombreux à utiliser une voiture (et c’est tant mieux) car il y aurait toujours le problème du parking à l’arrivée.
- Un tel échelonnement des heures d’embauche aurait pour conséquences immédiates les étalements du créneau de la pause repas (de 10h30 à 14h30) et de l’heure de fin du travail (de 14h à 20h). Sans que ce soit l’objectif initial, de nombreux secteurs d’activité en bénéficieraient ce qui profiterait donc globalement à notre économie. Ce sont tous les secteurs qui ont actuellement leur activité concentrée sur les temps libres actuels trop souvent communs à beaucoup le midi ou après le travail. Un restaurant pourrait voir son service du midi réparti sur 4h au lieu de 2 et servir au total plus de repas (sur 2, 3 voire 4 services) tout en ayant moins à subir le coup de feu. Des commerçants, des salles de sport, pourraient voir défiler avant midi ou sur tout un après-midi les clients qui avant ne venaient qu’après 17 ou 18h. Une société de nettoyage pourrait intervenir le matin jusqu'à 11h30 dans une entreprise ou des services commençant à 12h et reprendre dès 14h dans d'autres qui viendraient de terminer leur journée. Actuellement les salariés de ces sociétés travaillent souvent très tôt le matin (avant 8h) et ne reprennent l'après-midi qu'après 17 ou 18h en n'ayant qu'un emploi à temps partiel et une petite rémunération. L’étalement des heures d'embauche pourrait ainsi permettre dans ces sociétés d’allonger des emplois à temps partiels et parfois d’arriver à des temps pleins comme beaucoup de salariés dans ce cas le souhaitent.
- Inconvénient pour les grévistes, avantage pour les usagers : en cas de grève (SNCF, RATP…) des solutions de secours seraient plus faciles à trouver (recours plus important à la voiture ?) sans rendre les transports en commun et les embouteillages insupportables car ils resteraient suffisamment étalés.
Autres améliorations au bénéfice des transports en commun, des conditions de circulation et favorables à l'écologie.
La prise en compte de l’écologie, le coût des carburants, les grèves passées et la distanciation nécessaire depuis la Covid-19 ont entrainé le développement de nouvelles habitudes.
Il faut que persistent et même se développent : travail à la maison - marche - vélo - covoiturage - achats de proximité… Des entreprises ont aussi déplacé certains de leurs sites de gestion ou de production pour qu’ils se trouvent dans des lieux plus accessibles. Des administrations, des grandes écoles ont fait de même. Et il faut bien sûr ajouter la relocalisation d’activités industrielles.
Gilles Chanteclair
- * - * - * - * - * - * - * -
Retour à l' Accueil
Si cet article vous a plu, vous pouvez le partager avec vos proches en leur communiquant ce lien :
https://www.gc-reflexion.fr/pour-un-échelonnement-des-heures-d-embauche/
Si vous souhaitez une précision sur un point ou m'exprimer un désaccord sur un autre, vous pouvez me joindre en cliquant sur "Contact" en haut de la page.