Le 18 janvier 2021
De nombreux opposants martèlent les mêmes condamnations : « échec des masques ! échec des tests ! échec des vaccins ! », parfois sous la forme : « mensonges sur les masques, mensonges sur les tests, mensonges sur les vaccins ».
En fait ces opposants sont le plus souvent mal informés (alors qu’ils devraient l’être bien), non objectifs (évidemment) ou de très mauvaise foi (se contredisant parfois eux-mêmes) dans le seul but habituel de nuire au président et au gouvernement.
> Echec des masques ?
Ce qui est sûr c’est que nous avions de plus en plus réduit notre stock depuis 2011, par souci d’économie et parce que « quasiment » personne n’envisageait, ni en France ni ailleurs, la possibilité d’une telle pandémie mondiale. Lorsqu’elle est arrivée nous avons donc cruellement manqué de masques mais aussi d’autres équipements tels que surblouses et gants au point de ne même plus pouvoir bien protéger tous ceux qui approchaient les malades. Nous n’oublions pas tous ceux qui ont ainsi été contaminés et en particulier ceux qui y ont laissé la vie.
Aujourd’hui tout le monde ou presque est conscient de l’intérêt de porter un masque même à l’extérieur au moins dès lors que c’est dans un lieu un peu fréquenté.
Mais au début rien ne prouvait l’intérêt de porter des masques autres que les FFP2.
Les masques grand public (dont les masques chirurgicaux) ont longtemps été déclarés inutiles pour se protéger, par opposition aux masques spéciaux (peu répandus) tels que les FFP2.
Les masques grand public paraissaient utiles pour les malades, pour limiter les risques qu'ils contaminent leur entourage, mais pas pour tout un chacun car alors, au début de la pandémie, d’une part leur filtration était jugée insuffisante et d’autre part on craignait qu’ils soient contreproductifs.
- Filtration insuffisante. « Le masque chirurgical type IIR : offre une efficacité de filtration bactérienne > 98% d'un aérosol de taille moyenne 3 µm » (source : inrs.fr) mais les particules virales de la Covid mesurent moins de 1 µm. Aujourd’hui encore, une recherche effectuée sur Internet de la forme « covid quel masque utiliser » conduit par exemple à ce qui suit. Sur LD Médical : « Seuls les masques de type FFP2 ou supérieur seront efficaces contre le risque de contagion ». Sur appuisante.fr un schéma indique que l’objectif du masque chirurgical est de « protéger les autres » alors que celui du FFP2 est de « se protéger ». Il apparaissait donc clairement que pour se protéger le masque chirurgical était jugé insuffisant.
- Risques d’être contreproductifs. D’une part le port du masque chirurgical risquait d’entrainer un faux sentiment de sécurité et ainsi d’entrainer un relâchement des mesures barrière pourtant indispensables. D’autre part le masque risquait en étant mal utilisé d’être la cause de contaminations. Nous avons tous vu des personnes qui, par exemple, enlèvent leur masque, le mettent dans une poche (Monsieur) ou un sac (Madame) et plus tard le récupèrent et le portent à nouveau, oubliant totalement que sur ce masque il peut y avoir des particules virales puisque c’est pour cela qu’ils le portent : pour qu’il filtre l’air qui va entrer dans leurs poumons.
- Filtration jugée insuffisante et risques de contamination estimés excessifs, le rapport bénéfices/risques a alors conduit l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) à déclarer que généraliser le port du masque chirurgical était inutile et qu'il devait être réservé aux malades et aux soignants exposés. C’était aussi l’avis d’autres organismes tels l’ECDC (European Centre for Disease Prevention). C’est le protocole qu’a adopté le ministre de la santé Olivier Véran. Comment pourrait-on lui reprocher de ne pas avoir été plus savant que le collège des experts de l’OMS ?
- La position de l’OMS était encore la même en avril alors que nous disposions de masques chirurgicaux en grand nombre.
- Ensuite, notamment du fait de la prise en compte des contaminations possibles par les microgouttelettes formant des aérosols, la position de l’OMS a évolué. Et ce n’est que le 5 juin, que l’OMS a recommandé de façon effective « le port du masque par le grand public dans certains lieux particuliers », mettant notamment en avant les "études disponibles évaluant la transmission présymptomatique et asymptomatique" et la "difficulté à respecter la distanciation physique dans de nombreux contextes" ». L’OMS dans le même temps insistait sur la nécessité que les gouvernements exposent comment bien utiliser les masques.
Nous avons assez rapidement disposé d’un grand nombre de tests partout sur le territoire national. Le problème a été que dans beaucoup de villes les moyens mis pour analyser les tests étaient insuffisants ce qui a alors entrainé des délais beaucoup trop longs pour obtenir les résultats, jusqu’à parfois plus de 5 jours alors que 48h aurait dû être un maximum. Les opposants en ont évidemment beaucoup parlé en oubliant bien sûr tous les endroits où les résultats étaient déjà donnés rapidement. Quelques temps plus tard les délais sont partout devenus normaux.
Et la France n’a pas à rougir de la gestion des tests, bien au contraire, car au-delà des délais trop longs dans certains endroits au début, elle est l’un des rares pays où chacun peut être testé gratuitement, ce qui présente notamment l’avantage d’éviter que des personnes en situation précaire ou même ayant des moyens limités, y renoncent bien qu’inquiètes sur leur état de santé avec le risque d’en contaminer d’autres.
De plus la France est aussi devenue l’un des pays où l’on a le plus testé, notamment dans la semaine précédant Noël, loin devant beaucoup d’autres.
Ce qui précède est confirmé par le CheckNews de Libération « Covid-19 : la France, championne d'Europe du dépistage-?-», du 9 janvier.
Beaucoup ont été surpris par la lenteur du démarrage.
Pourtant le CheckNews de Libération « Vaccination : la France est-elle vraiment en retard par rapport à son calendrier initial-? », du 6 janvier, nous indique que :
- En réalité, si ce rythme de vaccination très progressif est indéniablement plus lent que celui de certains pays voisins, il apparaît pourtant conforme à ce qui a été annoncé depuis un mois.
- Dès le 10 décembre, le monsieur Vaccin du gouvernement, Alain Fischer, défendait ainsi cette stratégie des petits pas (..) afin de pouvoir « rectifier rapidement » le tir au besoin et ainsi « s'adapter pour les Ehpad suivants et les étapes suivantes ».
- De façon assez précise, le programme de montée en charge de la vaccination au cours du mois de janvier avait été livré à plusieurs médias, dont Libération, lors d’un brief organisé le 26 décembre entre des journalistes et les cabinets d’Olivier Véran (ministre de la Santé) et de Brigitte Bourguignon (ministre déléguée à l’Autonomie).
- Une lenteur qui ne semble d’ailleurs pas surprendre les médecins dans ces établissements. « Je ne trouve pas que le processus soit lent. Si on avait voulu aller plus vite, il ne fallait pas choisir ce type de population en priorité, dont le recueil du consentement éclairé prend du temps », estime Nathalie Maubourguet, présidente de la Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en Ehpad (FFAMCO).
On peut trouver excessive la prudence de la stratégie des petits pas mais le début de la vaccination (rythme, priorité aux Ehpad, recueil des consentements) correspond bien à ce qui était annoncé, que personne n'a alors critiqué et que tous ceux (de tous côtés) qui ont vite crié au scandale auraient dû savoir.
• Car lorsque l’on est honnête, avant de protester on cherche d’abord à s’informer
mais ce n’est pas ce que font beaucoup d’opposants (et parfois des journalistes ou des commentateurs dont la mission est pourtant de nous informer), opposants qui ne visent que la critique et qui sont même capables de condamner aujourd’hui ce qu’ils réclamaient pourtant eux-mêmes en décembre. Cela à l’image de Jordan Bardella (RN) qui voulait alors que, comme en Suisse, « on attende plusieurs semaines supplémentaires pour avoir le recul suffisant » ! Ce qui montre au passage que ce pseudo grand patriote a une bien piètre opinion du courage des Français. [ à voir ici ]
• Vaccin obligatoire ? En novembre Valérie Pécresse (LR) déclarait : « il faut rendre les vaccins obligatoires, ça me semble nécessaire, c’est un espoir formidable contre le Covid-19 ».
Le 18 janvier elle est à nouveau face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV.
JJB : « Est-ce que vous êtes toujours sur cette position-là ? »
VP : « En fait je m’étais mal exprimée. Ce que je voulais dire c’était... obligatoirement proposé à tout le monde. »
La ficelle de VP est bien trop grosse car il est évident qu’à terme tous ceux qui voudront être vaccinés le pourront sauf en cas de contre-indication médicale.
Il aurait été bien plus simple, et honnête, que VP reconnaisse qu’elle avait changé d’avis, ce qui n’est pas condamnable en soi… d’autant qu’elle n'était pas obligée de préciser que l’évolution de son point de vue tenait plus à son désir de coller à l’opinion publique (beaucoup sont contre "les obligations") qu’à de solides considérations sanitaires.
• Gérard Larcher (LR) lui-même, pourtant président du Sénat, troisième personnage de l’Etat sur le plan du protocole (après le président et le 1er ministre) … n’hésite pas à nous mentir ! Sur un ton mélo car il parle de son père, il nous fait croire que l’on remet aux résidents des Ehpad (qui sont des personnes âgées dépendantes, pour certaines comme son père ayant dépassé les 90 ans) un dossier de vaccination de 58 pages ! Or ce dossier n’est en fait évidemment destiné qu’aux directeurs des Ehpad. [ dans l’émission les 4 Vérités de Fr2 le 6 janvier, à retrouver ici ]
• Enfin une précision fournie par le JT de 20h de TF1, le vendredi 8 janvier : « c’est long, à l’image finalement du fameux guide de vaccination de 45 pages édité par le ministère de la santé, même si après enquête les guides britannique et espagnol eux sont encore plus volumineux ». On peut admettre que Britanniques et Espagnols avaient probablement leurs raisons, qu’ils estimaient bonnes, de rédiger leur guide de vaccination, plus volumineux que le nôtre… comme nous avions les nôtres. Battus sur ce sujet au moins par les Britanniques et les Espagnols… cela doit contrarier ceux qui semblent éprouver le besoin de toujours noircir l'image de la France en la présentant comme championne absolue dans tel ou tel domaine apparaissant négatif.
N'en déplaise à ces esprits chagrins et autres nuisibles, la France n'est pas que le plus beau pays du monde, c'est aussi l'un de ceux où il y a le plus de justice sociale et d'aides de l'Etat comme on le voit encore pendant cette crise. Cela ne veut pas dire que tout soit rose, loin de là, car il ne faut pas oublier ceux qui vivent aujourd’hui des situations très difficiles, avec de grosses pertes de revenus ou des besoins importants de création, de production, d’interprétation, d’expression, de loisirs ou de rencontres qu’ils ne peuvent plus satisfaire.
> Pour les masques, les tests, la vaccination… et la gestion de l’ensemble de la Covid.
Bien sûr, il y a probablement eu des décisions trop ceci ou pas assez cela… et il y en aura sans doute encore d’autant que médecins généralistes, virologues, épidémiologistes et autres spécialistes de la santé, ne sont pas toujours d’accord entre eux. Ce n’est pas un reproche car nous sommes face à un nouveau virus dont même les scientifiques ne savent pas encore tout. Et on voit bien que d’un pays à l’autre certaines mesures sont semblables et d’autres parfois très différentes. Et certains pays, que des donneurs de leçons montraient en exemple, qui avaient choisi une toute autre stratégie, se sont trouvé dans l’obligation d’y renoncer devant l’augmentation du nombre de victimes.
Il est très facile, surtout après coup, de critiquer les mesures prises et d’en trouver certaines excessives ou insuffisantes et les démagogues se livrent une compétition acharnée sur ce point, n’hésitant pas à dénoncer aujourd’hui ce qu’ils réclamaient hier, comme J. Bardella.
- Souvenons-nous par exemple des premières obligations de porter le masque dans la rue, en fait dans certaines rues (les plus fréquentées) de certaines villes. Certains dénonçaient la complexité puisque le masque était obligatoire dans certaines rues, ou parties de rues et pas dans d’autres. A l’opposé, lorsque la mesure a été étendue à des villes entières, d’autres ont dénoncé le fait que le masque soit obligatoire même dans les rues quasi désertes ou peu animées. Quant aux opposants râleurs patentés, il est clair qu’ils dénonçaient systématiquement la mesure prise sans souci de se contredire la fois suivante.
- De même lorsqu’on prend des mesures dans certains départements, des opposants dénoncent une injustice ou la complexité (par exemple pour ceux dont les activités en chevauchent plusieurs) et lorsqu’elles sont nationales ils clament qu’elles devraient être adaptées à la situation de chaque département.
- Certains aussi se plaignent de mesures qui selon eux ne cessent de changer alors que d’autres, à l’opposé, disent qu’elles doivent être adaptées rapidement à l’évolution des courbes observées, tel Olivier Faure (PS) qui déclarait le 12 janvier sur RMC devant J-J. Bourdin : « il faut adapter en permanence notre stratégie ».
La situation en fait est tellement complexe qu’il arrive que des opposants proches ne soient pas d’accord entre eux. Ainsi le 11 janvier à Marseille la 1ère adjointe médecin généraliste Michèle Rubirola (EELV) s’est déclarée sur BFM pour le reconfinement ce qui a mis en colère le maire Benoît Payan (PS). On peut notamment lire ceci sur BFMTV :
"Il a demandé à Michèle (Rubirola) si elle avait des informations pour dire cela. Il pense qu'elle dit trop ce qu'elle pense, c'est un pêché pour un homme ou femme politique, selon lui", constate un proche de l'ancienne numéro 1 devenue n°2.
Mais même au PS, la situation exaspère. "Elle a fait des pieds et des mains pour s'opposer au reconfinement il y a 2 mois. Maintenant, elle le réclame", s'emporte une figure socialiste locale.
Il n’y a pas à reprocher à Rubirola ou Payan ce désaccord. On peut dans une équipe ne pas être d’accord sur tout et même sur un point important. Mais cela illustre parfaitement combien les décisions sont difficiles à prendre et, quelles qu’elles soient, faciles à critiquer.
Comme d’habitude, pour beaucoup d’opposants tout est prétexte à noircir sans scrupule l’action du gouvernement. En plus de tout ce qui précède ils l’accusent aussi par exemple de « nous infantiliser » lorsqu’il détaille un peu trop les mesures et de « nous mépriser » lorsqu’il ne le fait pas suffisamment. Comme le martelait déjà Jean-Luc Mélenchon (FI) en 2012 dans ses meetings : « il faut tout conflictualiser ! » [ à retrouver ici ]. Il doit se réjouir de voir que beaucoup ont adopté sa stratégie, au mépris souvent de la réflexion, de la recherche des informations justes, de l’honnêteté… et donc "des gens" auxquels ils s’adressent et de la cohésion nationale.
Heureusement, beaucoup de nos compatriotes ont conscience à la fois de la gravité et de la complexité de cette crise et savent que les décisions prises, sans que l’on puisse être sûr que ce sont toujours les meilleures, sont soigneusement étudiées, à l’appui des recommandations des autorités sanitaires et en prenant en compte les aspects économiques et sociaux et les mesures expérimentées dans d’autres pays.
Echec et mat !
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